Mary est assise sur le grand fauteuil qu'on a installé pour elle, devant la fenêtre de sa chambre. Elle a suivi ses parents dans leur villa italienne, à San Giulio. Depuis des jours, elle mange si peu que le docteur Aslan est inquiet à son sujet. Son regard se perd au delà des hortensias du jardin, aux fleurs d'un bleu intense. Lorsque ses forces le lui permettent, elle se fait conduire sur la petite île coiffée d'un monastère, au milleu du lac. Là, elle se promène dans les ruelles étroites, ornées de pancartes portant un précepte, comme autant de stations propices à la méditation. Elle goûte le silence, le doux bruissement des vaguelettes, l'eau limpide, les maisons peintes, les balcons ouvragés, les portes de fer ou de bois ouvrant sur de luxuriants jardins.
Un soir, en revenant de l'île, son embarcation fut surprise par un orage aux éclairs d'acier qui crépitaient sur les montagnes sombres. D'énormes gouttes de pluie venaient percuter la surface du lac, en myriades de petites explosions. Mary pensa à Mathieu... Où était il à présent ? Et pourquoi ne répondait -il pas aux lettres, que, quotidiennement, elle confiait au chauffeur de son père pour qu'il les apporte à la poste du village ?
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