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  • : Le titre de ce blog est "regards". Regards sur le monde, regards sur les autres, sur les amis, sur les êtres qui marquent ma vie, sur les laissés pour compte anonymes qui meurent de notre indifférence et ne survivent que de notre regard.
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En passant...

ami(e)s ont visité ce blog depuis le 16 Juillet 2006 ! Merci à tous de passer me voir de temps en temps :-) !
10 août 2011 3 10 /08 /août /2011 07:41

Après avoir fait une escale à Tanga pour y charger une cargaison de nains de jardin en nubuk, le cargo arriva en vue de Mkokotoni.

Bleuride était accoudée au bastingage et se laissait doucement bercer par le  clapot. Clamestre, un peu plus loin, finissait d'écrire un traité sur l'usage de la broderie dans la décoration des armures de samouraïs.

- Allez-vous descendre à terre?

Bleuride avait tourné la tête vers sa co-passagère et esquissé un faible sourire matinal.

Clamestre souleva le bord de son chapeau de toile afin de libérer un oeil. Elle sourit à son tour pluis répondit

- C'est probable. Peut-être y découvrirai-je la raison de notre présence dans cette région. M'accompagnerez-vous?

- Bien entendu. En plus, je n'ai plus de confiture.

- Je comprends.

Au fil des jours, il s'était instauré entre les deux jeunes femmes une solide complicité qui n'avait pas besoin de se payer de mots. Leurs conversations étaient rares mais intenses. Elles se comprenaient d'un simple regard.

- Clamestre?

- Oui, Bleuride?

- Rien, c'était pour savoir.

- Ah.

- ...

Un soleil généreux inondait le port cependant que le commandant, depuis la passerelle, supervisait les opérations d'accostage.

- Lancez les grosses lanières tressées de chanvre sur le quai de manière à ce qu'elles soient récupérées par les autochtones et qu'elles soient enroulées de manière idoine sur les bites...

L'équipage se figea et regarda le boss avec perplexité

-... d'amarrage.

Tous poussèrent un ouf de soulagement et se mirent joyeusement au travail. C'était beau de voir ces marins au visage buriné d'embruns obéir comme un seul homme aux ordres incoryablement précis du commandant.

- Avancez encore un chouya!

- Oui commandant!

- Euh, stop!

- Oui, Comm...

- Je veux dire, machine arrière toute

Boum

Dans un monstrueux craquement, le cargo empala littéralement la frèle passerelle de bois qui servait de quai. Comme des échardes friponnes, les planches et les caillebotis furent propulsés dans les airs au milieu d'une volée de débris.

Heureusement, cette arrivée pittoresque n'avait fait qu'une dizaine de victimes que les autorités de Zanzibar s'étaient hâtées de faire disparaitre afin de ne pas nuire à la réputation du port.

 

(c) Musefabe 2011

 

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8 août 2011 1 08 /08 /août /2011 00:22

Ce fut lors d'un voyage à Zanzibar que Bleuride rencontra Clamestre pour la première fois. Le cargo transportait un chargement de choux de Bruxelles et trente tonnes de verres correcteurs pour myopes et hypermétropes. Clamestre errait sur le pont en chantant des mélodies de Duparc cependant que Bleuride trompait son ennui en tentant d'apprivoiser un hamster hypocondriaque. Ni l'une ni l'autre n'avait une quelconque idée de ce qu'elle diantre faisait sur ce rafiot ni pourquoi elle avait eu cette envie impérieuse d'aller à Zanzibar.

 Clamestre venait de terminer son tour de pont lorsqu'elle tomba nez à nez avec Bleuride qui entamait le sien. Les présentations furent vite expédiées:

- Bleuride, of Paris

- Clamestre, of Paris aussi

Bleuride remarqua cette intrusion aussi bizarre que poétique du franglais dans la langue maniée par son interlocutrice et risqua une répartie de folie:

- Comment ça, Paris aussi... but alors...

- Oui, je suis française, aussi curieux que cela paraisse... kof kof.

Une saccade de toux vaguement huileuse empécha Clamestre de continuer son exposé.

Bleuride avait envie de lui dire que, vu l'accent, on ne risquait pas de prendre Clamestre pour la reine Elizabeth. Rien que cette idée la fit pouffer.

- Pardon, dit elle pour s'excuser d'avoir pu paraitre grossière.

- But non, pas du tout, reprit Clamestre temporairement débarassée de sa quinte....

- And what faites-vous here? risqua Bleuride, étonnée de son audace.

- I n'en have pas the moindre idée....

- Ben v'la something else... moi non plus.

- Vous voulez dire que vous ignorez pourquoi vous jouez les touristes sur ce rafiot?

- C'est exactement cela. Tout ce que je sais, c'est qu'il faut que j'y aille, à San Slibard, fit Bleuride.

- Vous voulez dire Zanzibar, releva Clamestre avec un sourire.

- Si vous y tenez...

A cet instant, la voix du commandant se fit entendre depuis la passerelle.

- Le dïner est prêt. La dernière à table fait la vaisselle...

A peine eurent-elles entendu l'invitation du commandant que Bleuride et Clamestre, abandonnant toute dignité, foncèrent ensemble vers le carré des officiers, et passèrent les dix minutes suivantes à s'envoyer à la figure des poignées de spaghettis...

Ce fut Clamestre, qui, ce jour là, fut la moins véloce.

 

(c) Musefabe 2011

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6 août 2011 6 06 /08 /août /2011 00:46

Il est temps, à présent... Bleuride rangea son nécessaire à couture dans le petit placard et alluma le poste de radio. Celui-ci mit quelques secondes à chauffer puis il commença à grésiller lorsque Bleuride parcourut les stations en suivant le curseur qui volait de ville en ville devant l'écran jaune. Elle capta enfin radio Tirana en français.

Il était plus de minuit, ce 5 Décembre 1961.

- Ici radio Tirana. Nous allons diffuser le discours que notre guide bien-aimé Enver Hoxha a prononcé hier matin devant l'asemblée des communes rurales du lac d'Orhid...

- Chers camarades, l'édification du socialisme demande de lourds sacrifices... mais l'avenir sera radieux pour ceux qui travailleront encore plus dur. La production de céréales a  baissé l'an dernier. C'est inadmissible. Le camarade Krouchtchov me l'a dit au téléphone. Il n'est pas content. Grzzzz blzz... alors, chers camar.... blebrrggg....

Bleuride tourna fébrilement le bouton de sélection des stations. Rien à faire, radio Tirana avait disparu...

Que faire?

Bleuride eut une idée. Elle alla chercher le vieux livre, celui qui était dans l'entrée, sur la commode. Il était écrit sur la couverture de cuir fané:

"Mémoires de Clamestre"

Elle ouvrit le volume à la page 124 et commença à lire:

- Mes parents partirent alors vers la montagne et le lac, emportant leurs maigres affaires dans un petit baluchon... mon frère tenait à la main un drapeau espagnol et ma petite soeur chantait la piémontaise...

Puiis, Bleuride passa directement à la page 249:

- ... recollée avec de l'adhésif ultra puissant, elle faisait un bel effet sur ce visage juvénile... mère avait confectionné une tarte aux pommes du jardin....

Emue, Bleuride poussa jusqu'à la dernière page:

- Achevé d'imprimer sur les presses de l'imprimerie Cortaire et Bregneux. Juillet 1959.

Ainsi, c'était donc cela! Toutes ces années pour en arriver là.

Otto, le berger allemand de Bleuride faillit en avaler ses croquettes de travers... Clemestre était vivante. La terrible évidence s'imposait.

 

(c) Musefabe 2011


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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 01:23

Un jour que j'étais dans la peine

Avouez le c'est très bizarre

j'ai rencontré une martienne

Qui sommeillait en haut d'un phare

 

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Elle ouvrait juste ses persiennes

Moi j'étais un peu en retard

Il n'y a pas de "mais" qui tienne

Pour qui affronte son regard

 

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Un jour que j'étais dans la peine

Noyant mon chagrin dans un bar

Elle prit mes mains dans les siennes

Et disparut sans crier gare...

 

(c) Musefabe 2011

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30 juillet 2011 6 30 /07 /juillet /2011 01:21

Ce soir, Cannes et son festival pyrotechnique m'ont accueilli dignement. A 22 heures pétantes, les lumières de la croisette s'éteignent, y compris celles des façades du Carlton et du Martinez...

Une voix de jeune fille (enfin je crois) à en faire péter mes lunettes surgit d'une sono de 18 000 watts placée sur un radeau au milieu de la baie. Après une courte présentation, le feu d'artifice commence, et là, bichtre et figre, voire même mazette! Ils ont du dévaliser une centaine de poudrières chinoises.

 

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Ca claque de partout, ça fuse en colorations aveuglantes...

 

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Autour de moi, des mamies au t-shirt boudiné prennent des photo au flash et se désolent de n'y rien voir... des djeuns fument un clop et boivent de la despé.

Mais nous sommes tous scotchés devant la beauté du spectacle...A 22 heures 30, tout le monde (en fait pas tant que ça..) rentre au bercail. Quelques Kékés (ils se font discrets, je trouve, cette année...) passent à toute vitesse dans le bolide prété par papa, mais là encore, même pas de sono à fond... Bizarre, bizarre...

 

(c) Musefabe 2011

 

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27 juillet 2011 3 27 /07 /juillet /2011 23:06

En effet, la pluie fut bien au rendez-vous. Cela a commencé par une matinée au ciel menaçant. Nuages noirs venant de la mer et poussés vers la montagne. En général, cela se passe dans l'autre sens...

 

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Le cap d'Antibes a disparu dans les ténébres. Il est vrai qu'il n'est que neuf heures du matin... Le gardien a ouvert la piscine sans conviction. La journée sera plutôt sous le signe de la douche que du bain. Un coup de tonnerre déchire le silence et de grosses gouttes de pluie se fracassent sur la terrasse. Vence, Saint Paul , Grasse, et Saint-Jeannet disparaissent à leur tour...

 

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Ce soir, retour à un temps sec, j'allais dire "à la normale". Mais ça n'a rien de normal ce temps frisquet. On se croirait en mars...autour de Pâques. Il ne manque plus que le chant des grenouilles qui batracent dans l'étang du jardin botanique. Comme nous sommes en juillet, ce sont les grillons qui les remplacent, et encore, ils doivent drôlement se peler les ressorts vu qu'on ne les a pas entendus de la journée...

 

(c) Musefabe 2011 

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26 juillet 2011 2 26 /07 /juillet /2011 21:15

Aujourd'hui, temps mitigé, donc, courses en ville, journal de bord et photos... Pour les courses, le vieux Nice, la rue Masséna, Boros, l'épicier arménien de la rue Dalpozzo et le cours Saleya.

En chemin, je croise une étonnante famille qui a dû découper tous les double-rideaux de l'appartement pour se tailler des robes d'été...

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Puis, arrêt obligé chez le marchand de pinceaux et pastels pour l'achat d'un crayon d'esquisses...

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Une fois rentré, je m'attelle au journal de bord. Une tourterelle qui passait par là me donne l'occasion d'écrire quelques lignes...

 

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Un verre de rosé puis, le regard attiré par le coucher de soleil... Encore un! décidément... je ne m'en lasse pas...

 

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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 23:51

J'ai eu souvent l'occasion de parler des ciels niçois. Ceux que génèrent les couchers de soleil face à ma terrasse sont différents chaque soir. C'est au moment où le solei disparait derrière la montagne qui tutoie le Baou de Saint-Jeannet, que les nuages se déchirent dans la lumière et s'embrasent de couleurs qui vont du mauve à l'orange, avec des trouées de ciel bleu roi.

 

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J'ai sur moi mon Iphone 4 et je m'en donne à coeur joie...

 

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Je me suis souvent demandé comment je m'y prendrais pour peindre un tel festival, et surtout comment rendre les plages de lumière vive entourées de leur effilochée de nuages...

 

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Et surtout, comment obtenir un bon rendu avec la seule peinture dont je dispose ici, l'aquarelle...

 

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A gauche de la photo ci-dessus, on aperçoit la mer barrée au fond par le cap d'Antibes. Sur la droite, Villeneuve Loubet et Cagnes sur Mer.

 

(c) Musefabe 2011

 

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24 juillet 2011 7 24 /07 /juillet /2011 23:55

Quand on en a marre des étals de viande sur les galets Niçois, des corps avachis tartinés de bronzol, des kékés frimeurs au QI d'huitre qui se la pètent et des minettes ripolinées plongées dans les magazines people, on peut, si on veut, découvrir une toute autre Côte d'Azur, attachante, contrastée, aux paysages proprement stupéfiants. 

 

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...comme ces photos prises depuis le fort de la Revere sur l'arrière pays Niçois et

 

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...de l'autre côté, sur le village d'Eze, Saint Jean Cap Ferrat et la baie de Villefranche.

 

On complète sa journée avec une visite de l'exposition Manguin au musée de l'Annonciade à Saint Tropez. Henri Manguin (1874-1947), fauve avant la lettre, ami de Matisse qui lui avait écrit notamment:

« Et toi, tu as dû travailler comme un cheval, dans ta lettre tu ne parais pas réjoui, mais tu n’es jamais content

et ça ne t’empêche pas de rapporter des trucs. » Ah, les trucs de Manguin! Je comprends mieux à présent cette idée de faire des trucs, de les travailler, de les collectionner, même...

Quelques tableaux de Manguin, élève de Gustave Moreau:

 

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La nuit est tombée depuis bien longtemps... Des couchers de soleil dont je ne me lasse pas, c'est aussi cela, Nice...

 

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(c) Musefabe 2011

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20 juin 2011 1 20 /06 /juin /2011 23:15

Elle habitait un petit studio, enfin, deux chambres de bonne reliées par une porte, au sixième étage. Elle n'était pas grande, Madame Lalanne, une Sarthoise du Breuil-sur-Mérize, arrivée à Paris on ne sait comment ni pourquoi. Je ne l'ai connue qu'avec des cheveux blancs. Elle boîtait un peu, en nous emmenant à l'école Saint Marcel. Philippe, Christian, et moi. Parfois, Jacques Bron se joignait à nous. C'était le fils du chemisier d'en face, avenue des Gobelins. On descendait les marches de l'escalier de service quatre à quatre, je faisais fi des conseils de Papa qui s'était retourné le pouce en tombant à force de dégringoler à toute vitesse les marches luisantes d'encaustique. Puis, on passait successivement les deux portes de la cour intérieure, on passait devant la loge de Madame Dubois, on ouvrait enfin la lourde porte qui donnait sur le trottoir. Le carrefour des Gobelins s'offrait, avec sa bouche de métro, l'arrêt du 27, la brasserie du cadran bleu et le canon des Gobelins. En automne, on ramassait les tiges flexibles des marronniers et on en faisait des épées éphémères, chevaliers d'un jour...

Madame Lalanne essayait de tenir le rythme. Heureusement, l'école n'était qu'à cinq minutes. On ne restait pas à la cantine. Tous les midis, chacun retournait chez soi pour un déjeuner vite avalé. Le tour de Madame Lalanne, c'était le début d'après-midi. A quatre heures et demie,  Maman venait me chercher avec mon goûter dans son sac.  Madame Lalanne est repartie un beau jour au Breuil-sur-Mérize. On est allé lui rendre visite une fois, là-bas, au milieu de ses souvenirs... 

 

(c) Musefabe 2011 

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